CHARLES DANIEL DE MEURON (1738-1806)

Charles Daniel de Meuron naît le 6 mai 1738 à Saint-Sulpice dans la Principauté de Neuchâtel. Il est l’aîné des trois fils de Théodore de Meuron (1707-1765), chamoiseur, marchand et capitaine de milice, et d'Elisabeth Dubois, avec laquelle celui-ci s’est marié en 1728. Ses deux autres frères sont Théodore Abram (1741-1831), marchand et capitaine de grenadiers, et Pierre Frédéric (1746-1813), futur brigadier général. Ils sont encadrés de deux sœurs, Marianne (1730-1808), future femme de Jean Pierre DuPasquier, et Charlotte Elisabeth (1748-1816), future femme de Benoît Sergeans.

Placé en apprentissage à La Brévine puis à Liestal, il rencontre son destin à Strasbourg et s’enrôle en 1755 au service du roi de France, dans le régiment suisse de Hallwyl, incorporé à la Marine. Il y est accepté comme enseigne en 1756 et nommé sous-lieutenant l’année suivante.

Fin 1757, de Meuron s'embarque sur Le Florissant avec son détachement et participe à la campagne contre les Anglais aux Antilles. Lors des combats, il est blessé trois fois, ce qui lui vaut une pension d'invalide en 1760, augmentée plusieurs fois par la suite.

Après la conclusion du Traité de Paris qui met fin à la guerre de Sept Ans (1756-1763), le régiment est réformé. De Meuron retrouve provisoirement ses premières activités, cependant qu’en 1763 la branche de sa famille est anoblie. Les armes parlantes qu'il se choisira comprennent un arbre et une arme.

En 1765, il se fait incorporer dans le régiment des gardes suisses où il reste seize ans, bénéficiant de plusieurs promotions: il obtient le grade de capitaine en 1768 et celui de colonel en 1778; en 1773, il avait été décoré de la croix du Mérite militaire, mais comme protestant sa carrière était bloquée et, d'autre part, son projet de colonie en Guyane n'aboutit pas.

Grâce à des protections, de Meuron est chargé en 1781 par la France de lever un régiment pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes orientales (VOC),régiment dont il est colonel propriétaire et commandant.

Il le conduit en 1783 au Cap de Bonne-Espérance où il tient garnison. Laissant le commandement du régiment à son frère Pierre Frédéric, de Meuron rentre en 1786 en Europe pour tenter de résoudre ses problèmes notamment la question des arriérés avec son employeur, la Chambre de Zélande pour être précis, mais les démarches traînent, malgré les recommandations prussiennes.

La Révolution provoque une dégradation de la situation et de Meuron cherche à se rapprocher de la puissance anglaise.

En 1795, les Provinces-Unies étant envahies, le Stadhouder s'étant réfugié à la cour d'Angleterre et la Compagnie hollandaise ayant pratiquement cessé d'exister, de Meuron se résout ce qui était prévisible et ne surprend personne: mettre son régiment au service de Sa Majesté britannique, contribuant à l'hégémonie coloniale anglaise aux dépens de la France. 

Après avoir offert son Cabinet à la Ville de Neuchâtel, de Meuron est obligé de se rendre en Inde pour avaliser le transfert de ses troupes qui avaient été transportées du Cap à Ceylan et dont certains corps avaient passé en Inde, sans cesser de céder à sa passion de collectionneur. Il n'en revient qu'en 1797 avec le grade de major général et séjourne près de deux ans à Londres. 

Le régiment, qui avait passé sur le sous-continent indien, se distingua à la prise de Seringapatam en 1799. En 1806, il tint garnison en Méditerranée. Embarqué pour le Canada en 1813, il y prit part l'année suivante à la bataille de Plattsbourg et fut finalement licencié en 1816, avant passé 15 ans au service de la Hollande et 20 à celui de l'Angleterre, seul régiment suisse à avoir servi sur quatre continents.

Au terme d'un voyage à Berlin, où il est décoré en 1800 de l’Ordre de l’Aigle rouge par le roi de Prusse, de Meuron, toujours propriétaire du régiment, se retire alors à Neuchâtel et est fait lieutenant général par les Anglais; il meurt de suites opératoires le 4 avril 1806, jour de Pâques. 

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