Zygmunt Estreicher (1917-1993)

Zygmunt Estreicher naît en 1917 à Fribourg, dans une famille d’origine polonaise comptant de nombreux artistes et savants. Ses études le ramènent à Cracovie où il suit le Conservatoire et se spécialise en musicologie. La guerre vient toutefois bousculer ce parcours. Suite à l’invasion allemande de 1939, Estreicher s’engage dans les troupes polonaises constituées en France. Il est capturé en Allemagne, mais parvient à s’échapper et à revenir en Suisse.

En 1941, il reprend ses études à l’Université de Fribourg et, sur la base des enregistrements réalisés par Jean Gabus dans la baie d’Hudson, soutient en 1946 une thèse de doctorat intitulée "Musique des esquimaux Caribous et tribus avoisinantes".

En 1948, il est engagé par Jean Gabus comme assistant à l’Institut de géographie de l’Université de Neuchâtel. Il y cumule les fonctions de secrétaire, bibliothécaire, préparateur des cours et dans cette même période, il participe à la constitution de l’inventaire des collections d’instruments de musique du MEN. En 1951, il obtient le titre de privat-docent et commence à enseigner l’histoire de la musique à l’Institut de musicologie. Il y est ensuite nommé chargé de cours (1954) puis professeur extraordinaire (1957).

Parallèlement, il poursuit son travail sur les collections du Musée et sur les enregistrements que Jean Gabus rapporte de ses missions africaines. En 1956, il expose le résultat de ses recherches dans un article intitulé "Une technique de transcription de la musique exotique" (Bibliothèques et Musées 1956:67-92). Il y arrive à la conclusion que l’étude des seuls enregistrements ne permet pas de comprendre un système musical.

De fait, entre novembre 1959 et mars 1960, il entreprend une mission de terrain au Niger pour approfondir sa connaissance de la musique des Peuls wodaabe, domaine qu’il avait abordé à Neuchâtel via les prises de son effectuées par Jean Gabus et par Henri Brandt  (Les nomades du soleil, 1954).

Dès 1961, il enseigne également à l’Université de Genève où il sera finalement nommé professeur ordinaire huit ans plus tard. Il quitte donc Neuchâtel pour se consacrer à une musicologie plus traditionnelle, jusqu’à sa retraite en 1987.

Rétrospectivement, Zygmunt Estreicher a été le premier ethnomusicologue à graviter autour du MEN et à y mettre en valeur cette discipline. Il fût sans doute également le premier à l’enseigner de façon régulière en Suisse.

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