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Art nègre

L'art nègre est avant tout l'expression d'une tradition faite système, la pulsation d'une société, bien plus que celle d'un individu. Les « bieri » fang, les statuettes d'ancêtres des Bakota, les fétiches de fécondité des Achanti, les masques des sociétés secrètes ou d'initiation du "poro" chez les Sénoufo expriment le culte d’une Force-Vie, figurent un drame collectif, un langage sacré, un rituel plastique. Ici, peu ou pas de « libertés », de celles « que nous ne savons pas prendre et que les Nègres ont réussies », comme l'écrivait avec candeur Maillol. Ce sont des solutions pratiques, des réponses aux épidémies, à la guerre, à la famine, aux feux de brousse et aux tornades, à tout ce qui dépasse la mesure d'un homme aux mains nues, de l'Art aussi, mais après, en second lieu, presque à l'abri, entre deux tornades et deux guerres.

Après nous avoir rappelé cette définition de l'artiste noir trouvée par Lévi-Strauss: « Il ne peut ou ne veut pas reproduire intégralement son modèle et il se trouve alors contraint de le signifier: au lieu d'être représentatif, l'Art apparaît comme un système de signes » - définition qui pourrait s'appliquer, en partie, à l'art occidental aujourd'hui - Jean Gabus analyse les divers éléments constitutifs de l'art africain: les formes traditionnelles, les sources d'inspiration, les styles, les fonctions, les objets-témoins ou les références: « Chaque objet est témoin de quelque chose: histoire, techniques, formes, fonctions, et souvent de plusieurs choses à la fois, sinon de toutes et cela à des degrés divers. Ces objets parlent du sol, des matériaux: bois, écorce, ivoire, bronze; des techniques; des morts et des vivants; des esprits. Ils nous parlent de la peur, beaucoup de la peur, mais d'une peur raisonnée et acceptée, une peur avec laquelle il faut bien vivre... »