C’est sous un titre énigmatique en langue naro que se dévoile la nouvelle exposition conçue par des étudiant-e-s de l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel et le MEN. La nuance, à peine perceptible pour l’oreille non-avertie, qui distingue x’áí « montrer » et xàì « (se) cacher », rappelle la logique de choix qui préside à toute entreprise de création artistique, de collection et de mise en exposition.
En partant de la donation de peintures et de gravures assemblées par l’anthropologue Irène M. Staehelin, et des ensembles collectés par l’ethnologue Leïla Baracchini pour le MEN et le Jardin botanique, X’áí – Xàì invite à réfléchir à de nouvelles formes d’expression picturale, nées dans les années 1990 parmi les populations naro d’Afrique australe, et à l’usage que peuvent en faire les musées à une époque où les rapports Nord-Sud sont fortement questionnés.
Paroles des artistes du Kuru Art Project (D’kar, Botswana), interrogations des commissaires d’exposition et travaux de recherche sont mis en dialogue avec les œuvres. Le dispositif invite à explorer ce que ces images et leur médiation rendent directement apparent, mais aussi les connaissances, les histoires et les rapports de force qu’elles taisent, invisibilisent, laissent hors-champ ou ne parviennent tout simplement pas à rendre perceptibles.