Sahara: Bijoux et techniques
Peut-on comprendre les hommes, pénétrer dans leur conscience, leurs arts, leurs techniques par le moyen d’objets privilégiés ? Dans le cas précis, les bijoux et les outils n’en font-ils pas partie par leurs significations, la noblesse ou la rareté des matériaux, leurs fonctions et leur intégration dans la vie quotidienne ?
Ils appartiennent à la catégorie des objets-témoins.
Les bijoux parlent des origines, de l’histoire, des grandes routes d’influences culturelles, des migrations ; ils parlent d’économie, de dot, de classe sociale, de magie, de religion, de protection. Ils parlent de l’accord entre l’Homme, la terre et le ciel.
Les bijoux appartiennent également à la joie de vivre, ils sont de toutes les fêtes, ils évoquent le prestige, la beauté, la tendresse, l’amour, la vie de chaque jour. Pour le démontrer, l’équipe du MEN a constitué des collections pendant de nombreuses années et a accumulé des références. Il ne s’agit pas de la recherche « du bel objet » mais de celui qui communique le maximum d’informations, comme s’il pouvait déjà par sa forme, sa fonction, témoigner de certains choix de la vie, des vrais problèmes.
Quant aux outils, ils témoignent de l’ingéniosité, de l’habileté comme d’une longue tradition. La position accroupie, l’obligation constante de maintenir son équilibre, alors que souvent les deux mains et les deux pieds travaillent en même temps, que la bouche et le ventre participent, expliquent l’harmonie des gestes de ces corps aux muscles longs. La technique est le reflet d’un rythme de vie soumis à des impératifs : distance, isolement, chaleur, froid…
L’outillage représente la partie des collections la plus difficile à obtenir. Personne ne se sépare volontiers de ses outils. Aucun outil n’est identique. A l’usage il se transforme d’une manière subtile, il devient différent : il est un poids, un équilibre, un volume intégré à son propre corps.
Les bijoux, les outils, comme tous les témoins d’une culture matérielle, ne sont pas séparables de la vie quotidienne et ne pourraient donner isolément des réponses aux « pourquoi », « comment », « où » et « qui » des méthodes sommaires d’investigation. Ils ne doivent pas quitter tout à fait leur environnement.