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Chopard: Happy Sport

En regardant de près cette montre et en réfléchissant à son concept, un élément peut d’abord surprendre et étonner: l’alliance du diamant et du mot sport. Qu’y a-t-il en effet de plus singulier que de mettre côte à côte l’image abstraite, presque céleste, de perfection, de permanence, de prestige, et l’idée concrète, humaine ou terrestre, de mobilité, de transformation, de jeunesse et de vie ? Il en ressort l’impression d’être confronté non pas à un bijou dans son sens traditionnel, c’est-à-dire avec l’idée de beauté parfaite comme fixée dans l’intemporalité, mais à un bijou presque vivant, comme humanisé et personnalisé.D’ailleurs, remarquons que le créateur a d’une part choisi l’adjectif happy pour qualifier sa montre, ce qui, de la sorte, à un niveau purement discursif, anime un objet aussi figé et statique qu’est le diamant. D’autre part, il va ensuite plus loin en brisant concrètement l’immobilité des diamants, en leur donnant la vie qu’ils n’avaient finalement jamais eue auparavant: pour la première fois, les diamants bougent physiquement dans une montre.

Ainsi, nous voyons que le créateur de la Happy Sport joue sur deux plans: la tradition et l’innovation:
D’un côté, latradition avec un objet qui reste précieux et luxueux de par la présence même des diamants, de par sa confection et son raffinement. En ce sens, c’est une montre de luxe classique, dont la femme-cible serait celle d’une certaine classe sociale qui se veut élégante, proche des traditions, sophistiquée, voire oisive. Cette femme idéale est représentative d’un certain niveau de vie élevé se distinguant par son élégance et par sa «classe».

De l’autre côté, l’innovation, avec un objet à l’image de la femme moderne, «active, libre et indépendante», comme on peut le lire dans les magazines Chopard. Ceux-ci justifient ces notions par la mobilité désormais totale des diamants dans le cadran de la Happy Sport (1993) qui est comme le prolongement et l’aboutissement de la Happy Diamonds (1976) où les diamants ne circulent qu’autour du cadran. La femme qui porte la Happy Sport est ainsi présentée comme étant, elle aussi, «mobile», c’est-à-dire «polyvalente» puisqu’elle réussit à la fois sa vie sociale, professionnelle, sentimentale et familiale. Dans ce sens, la Happy Sport est une montre de luxe «désacralisée»: elle n’est plus réservée aux occasions mondaines mais cherche à devenir un symbole quotidien de l’émancipation féminine, de la vie moderne.

Ainsi, l’originalité de la Happy Sport, c’est de n’avoir pas privilégié un plan plutôt qu’un autre, mais d’avoir voulu les concilier, ce qu’on retrouve symboliquement dans l’invention des diamants mobiles: ludisme et prestige, dynamisme et élégance, luxe au quotidien. Ainsi, dans son design même, elle est la métaphore de l’idéal féminin actuel: tout en gardant son statut de bijou divin et éternel, elle semble incarner des valeurs plus quotidiennes, comme l’espièglerie et la joie de vivre.

[Geneviève Hentsch, Valérie Vautier, Véronique Wild]

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