Ligne

Simple, tracée, dessinée
Visible, invisible, appuyée ou effacée
Elle s’habille du sens qui lui est accordé.
Identités départagées, réel délimité
La belle se pare et séduit
Trier, ordonner, classer:
«A la ligne!»

Et on obéit.

Emportée, la ligne se dérobe
L’entre-deux seul demeure
En suspens
Et de ces hauteurs instables,
Le danseur de corde s’éprend
De liberté

C’est par ces mots qu’un groupe de six étudiant-e-s de l’Institut d’ethnologie de Neuchâtel invite à un voyage par-delà les lignes. L’exposition Entre-deux questionne normes et frontières dans un entrelacs de lignes poussant à l’absurde les catégories que nous créons et entretenons afin de mettre de l’ordre dans le chaos du réel. Ces cloisons si nécessaires et pourtant parfois si encombrantes, nous confortent dans notre identité et en même temps nous contraignent. Arbitraires, certes, ces cloisons sont néanmoins génératrices de comportements en raison des règles qui les entourent et les matérialisent ainsi que du sens que leur donnent les acteurs sociaux.

Dans cette exposition, les visiteurs sont amenés à prendre conscience des multiples normes et contrôles sociaux souvent implicites, ainsi que des rappels à l’ordre quotidiens qui influencent nos comportements et nos choix.

L’aéroport, lieu entre l’ici et l’ailleurs, lieu de transit, d’attente, de flux et de tri, devient dans cette exposition la métaphore du contrôle identitaire et de l’entre-deux. Car au-delà de cet état intermédiaire, le voyage et la rencontre d’autres cultures sont perçues ici comme moyens de se confronter à d’autres modèles et de remettre en question nos propres perceptions.

Le funambule, symbole de l’entre-deux, fait sienne la ligne et met en suspens les identités. Il est celui qui, en se jouant des règles de la pesanteur et en acceptant l’instabilité qui en résulte, part à la conquête de la liberté. C’est ainsi qu’il vous propose aujourd’hui de prendre votre envol et de le suivre, dans un équilibre précaire, sur le chemin de la liberté.