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Collections passion (5.6. - 31.12.1982) - Revue de presse

– On m’a fait découvrir des collectionneurs, explique M. Jacques Hainard, qu’on pourrait appeler «collectionneurs-créateurs», incitant par exemple des artistes à agir sur leur collection. Aussi ceux-ci sont-ils conviés à créer des oeuvres en toute liberté, mais à condition qu’ils intègrent un élément de collection précis dans leur création. Ceci permettra d’amener le public à réfléchir sur la manière qu’auront des artistes contemporains d’envisager et de traiter des problèmes de la collection à travers leurs oeuvres. Ce sera aussi l’occasion d’accrocher au Musée d’ethnographie des oeuvres de ce temps, d’introduire donc les beaux-arts et la recherche artistique dans un musée qu’on a toujours considéré comme voué à traiter des oeuvres extra-européennes. – Cela nous permet, insiste M. Hainard, de se rapprocher de cette volonté qui consiste à décloisonner le rôle du musée. Je ne crois pas que les musées d’histoire, d’art, n’ont que de l’histoire à faire, de l’art à présenter. Mais qu’avec des approches spécifiques, ils soient de plus en plus amenés à traiter de problèmes dans leur globalité. Tout devrait être lié. Le Musée d’ethnographie s’apprête à nous en fournir l’éclatante démonstration !
Monique Jolliat, FAN, 10 avril 1982

Über die Motive des Sammelns liefern Psychologen, Soziologen und Ethnologen zahlreiche Antworten. Was kann einen vernünftigen Menschen dazu bringen, mit einem unsinnigen Einsatz an Zeit, Geld und Geduld irgendwelchen alten Blechbüchsen nachzurennen oder seinen Wohnraum eines Heeres bunter Frösche einzuschränken  ?
Die Woche, Zurich, 4 juin 1982

Das Neuenburger Museum ist in meiner Erinnerung von früheren Ausstellungen her sozusagen mit einer Plakette für typisch schweizerische Qualität versehen, was Ausstellungsart und gut betrifft. So machte mich der zugesandte Katalog zum Thema ... «Sammeln aus Leidenschaft» besonders neugierig. Er präsentiert erwartungsgemäss ethnographische Bilder aus älterer und jüngerer Vergangenheit, stellt daneben aber auch ganz unorthodox Fotos von Gegenständen meiner Kultur und meiner Gegenwart vor. Was bewirkt diese Konfrontation von erwarteten und überraschenden Objekten in der Vitrine beim Betrachter  ?
Maja Fehlmann-von der Mühli, Der Alltag, Zurich, N°5 / 1982

Cette présentation entend d'abord retracer l'histoire des collections, de leur lointaine naissance à la création des musées; elle entend aussi s'interroger sur le mécanisme même de la collection, avec la collaboration d'une vingtaine de collectionneurs privés – sans compter ceux qui ont souhaité conserver l'anonymat. De réponses, point ! Ou alors multiples et foisonnantes, toutes fascinantes, prolongées par les textes du catalogue...
Isabelle Martin, Journal de Genève, 19 juin 1982

Et le musée, direz-vous ? Voilà en effet un collectionneur particulièrement avide et qui veut avoir réponse à tout. Jacques Hainard n’a pas esquivé la question, sans hésiter à mettre en cause la fonction conservatrice de son propre musée. Héritier des salons de curiosités du XIXe siècle, le Musée d’ethnographie accumule, thésaurise, classe. Obsession de domination ? Collection d’hommes ? La réflexion part de la mission Dakar-Djibouti (1931-1933), sorte de razzia dans les colonies, dissimulée sous un alibi scientifique et qui a inauguré l’ère des grandes enquêtes de terrain de l’ethnologie française. On expose à Neuchâtel le fameux «cochon de lait» du culte Kono, dont Michel Leiris a décrit le rapt dans L’Afrique fantôme. 
Jean-Bernard Vuillème, Tout va bien, Genève, 25 juin 1982

Que collectionne-t-on et pourquoi ? Cette double interrogation délimite l’immense champ d’investigations que le Musée d’Ethnographie entreprend de faucher cette année. La réponse à la première question est simple. N’importe quoi. Et l’on voit ici, dans une remarquable présentation conçue par Walter Hugentobler, aussi bien des poupées anciennes que des objets en forme de grenouille, des appareils photo que des couvercles de camembert. Bref, il n’y a plus là de garde-fou même si le mécénat un peu voyant d’André L’Huillier ou l’amusant «musée en tiroirs» d’Herbert Distel constituent des tentatives limite d’étalage ou de possession. Le pourquoi, par contre reste insondable. Qu’est-ce qui peut bien pousser l’homme à consciemment rassembler des objets, généralement pré-existants, et offrant tous un point commun ? L’exposition et le catalogue (qui constitue lui-même une… collection d’articles) n’apportent là que des inconnues supplémentaires. L’animal collectionne-t-il ? Et l’enfant, qui ramasse des «trésors», le fait-il ? Que penser d’une expédition, comme celle qui parcourut l’Afrique en 31-33 ? S’agit-il d’une collection ou d’un simple ramassage d’objets ? La passion, comme celle que déploya Georges Amoudruz, est-elle un élément constitutif indispensable à la collection, obligatoire reflet de son propriétaire ? Insolite et amusante, intellectuelle mais sensuelle, publique malgré son intimité, l’exposition sait accrocher le visiteur. Puisse le conservateur Jacques Hainard collectionner de la même manière les idées.
Etienne Dumont, Tribune de Genève, 30 juin 1982

Là et là, ne s’agit-il pas, d’abord, de mettre de l’ordre dans l’univers ? A son image toujours, il est vrai, et c’est ce qu’entend signifier le vaste miroir qui renvoie au visiteur son image en pied: toi aussi, et tel que tu es, semble-t-il dire. Mais encore: connais-toi toi-même. «Cette exposition, nous l’avons voulue en forme d’interrogation», explique le conservateur Jacques Hainard: dialogue avec le public, incitation à la réflexion, questions sur ce collectionneur institutionnalisé qu’est le musée, en passant par le collectionneur privé, qui est vous et moi. L’année dernière déjà, avec l’exposition sur les rites de passage, le Musée de Neuchâtel avait marqué sa volonté de prendre en compte le public, au lieu de lui imposer un spectacle et des lectures définitives. Les jalons posés ici ouvrent des horizons presque infinis, et les textes du catalogue à eux seuls fournissent une matière à réflexion et à recherche extrêmement riche.
Rose-Marie Pagnard, Coopération, Bâle, 15 juillet 1982

On ramasse un coquillage, puis un second, puis un troisième, sans se rendre compte que l'on entre inconsciemment dans le monde de la collection. C'est ainsi que des hommes, des femmes, des enfants, il y a des siècles, hier, aujourd'hui, ont transformé un geste banal en une passion intense qui les pousse à compléter leurs collections, à rechercher l'origine exacte des objets rassemblés, voire à devenir esclaves de «la chose». Que peut-on collectionner ? Tout. Une exposition qui restera ouverte jusqu'à la fin de l'année et qui sera donc un but merveilleux de promenade pendant les vacances, connaît un grand succès au Musée d'ethnographie de Neuchâtel. Elle a déjà soulevé l'intérêt – et la passion – de très nombreux enfants, écoliers, étudiants, adultes, personnes du troisième âge. Car la passion n'a pas d'âge, et elle peut se soulever aussi bien pour les tire-bouchons que pour les poupées, les statuettes anciennes ou les pots à lait, les armes, les animaux en porcelaine...
RWS, L'Impartial, La Chaux-de-Fonds, 21/22 août 1982

Les nouveaux responsables du musée neuchâtelois l'avaient déjà affirmé lors de leurs récentes présentations: l'ethnologie est désormais alimentée par notre quotidien autant que par les cultures lointaines. Serions-nous devenus étrangers à nous-mêmes ? Toujours est-il que le thème illustré cette année nous en apprend long sur notre civilisation et les relations que nous entretenons avec elle. Pour nous définir à nos propres yeux, il n'y a pas de meilleur objet que celui inlassablement recherché, rassemblé, aimé et vénéré jusqu'à ne plus pouvoir être dissocié de nous-mêmes...
Eddy Hänggi, Le Démocrate, Delémont, 19 octobre 1982

Toujours plus de collectionneurs, toujours plus de musées. «L’homme se sent mal dans sa peau. Face à un avenir incertain, il tente de retenir le passé. En tout cas, je ne vois pas là le signe d’une dynamique de société. Au contraire, nous nous trouvons face à une société en désarroi qui ne sait plus opérer des choix. Face à ce désarroi, on collectionne tout», explique M. Jacques Hainard.
Pierre-Alain Bovet, Tribune de Lausanne, 21 novembre 1982

«Il y a toujours, explique Jacques Hainard, parallèlement à l’idée de musée, l’idée du temps, très présente dans la conscience humaine. Le temps qui passe, qui dure, le temps-histoire, le temps-souvenir. Les rites et les mythes se veulent une abolition de ce temps. La prolifération des petits musées est aujourd’hui probablement une tentative visant à abolir aussi ce temps que l’on ne maîtrise plus, d’atténuer cette profonde panique face au caractère décidément fugitif de l’histoire, de la vie.» L’impression confusément partagée par bien des bipèdes que tout semble s’écrouler autour d’eux, que les valeurs foutent le camp, que la famille n’est plus ce qu’elle était et que l’avenir du genre humain pourrait bien être derrière lui, cette impression-là conduit à rechercher un cadre, un système de référence, un havre, une identité. Le musée local du terroir, de l’artisanat, de la vigne et du vin, des gestes ancestraux et du temps retrouvé permet alors de souffler un peu, de se resituer dans la géographie, l’espace, l’histoire, de se réchauffer au bon feu de bois de l’âge d’or.
Jean-Philippe Arm, Tribune de Lausanne - Le Matin, 22 novembre 1982

C'est décidément une exposition pas comme les autres, faisant éclater les murs du musée traditionnel; il manquera quelque chose à ceux qui ne s'y rendraient pas...
Mémento du Jura neuchâtelois, La Chaux-de-Fonds, N°457, décembre 1982

Une lettre de visiteur:
Des félicitations tout d'abord: il y a beaucoup de travail et d'intelligence dans le traitement du sujet, la présentation en est agréable et bien pensée, architecturalement et esthétiquement parlant. C'est très beau.
Qu'il me soit cependant permis de vous faire part de ma perplexité... Je reste froid, presque ennuyé, non que le sujet ne m'intéresse pas, mais pour des raisons que je vais tenter de vous exposer. Cette exposition nous montre bien des collections, j'en conviens, mais qu'en est-il de la passion ? Je pense que la passion est du côté du collectionneur, non de celui de l'objet collectionné, qu'il soit isolé ou qu'il prenne place dans un ensemble. La collection n'existe à mon avis qu'en fonction du collectionneur. Ainsi privées de leur âme – cette «passion» qui fait si cruellement défaut – toutes ces collections ont tendance à s'amonceler d'une manière non seulement désincarnée mais un peu anarchique aussi... Or, vous le remarquez, il intervient dans toute collection, si ce n'est une tentative d'organisation. du moins une certaine sélection. Une collection n'en exclut-elle pas une autre ? En fait je crois que l'intérêt d'une collection réside dans son «incrustation» au domaine privé; un ami qui vous montre sa collection: voilà peut-être le seul moyen de vivre vraiment le phénomène de la collection, si l'on n'est pas soi-même collectionneur, bien sûr. Il me semble donc erroné de confondre «collection» et «musée », voire «collection» et «amas» (les provisions de ménage, par exemple), confusion qui, justement, me paraît liée à votre «évacuation» du collectionneur en chair et en os. Collection-musée: le pont était tentant. Je reste cependant convaincu que «collection» n'a rien – ou peu – à voir avec «musée» et que votre exposition se fourvoie malencontreusement. La présentation impeccable, l'ironie (je pense au «portrait du collectionneur»), le jeu ne parviennent pas, à mon sens, à rattraper un sujet qui me semble friser la gageure...
Silvio Corsini, Rosiers 15, Crissier, 26 août 1982

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