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Le mal et la douleur (7.6.1986 - 4.1.1987) - Revue de presse

Une exposition sur le désordre, un mal collectif que les sociétés pressentent, mais ne tolèrent qu'à de rares occasions.
Justine Deleau, Courrier neuchâtelois, Colombier, 4 juin 1986

Comment les sociétés appréhendent-elles le mal, désordre inadmissible débutant bien sûr avec la trop fameuse pomme.
C. A.-D., La Liberté, Fribourg, 7 juin 1986

Une fois encore, cette institution ne se contente pas d'offrir "gratuitement" et dans un souci essentiellement esthétique des objets plus ou moins exotiques au regard du visiteur. [...] Le musée sublime sa vocation de simple lieu d'exposition, pour devenir berceau d'interpellation, circuit de réflexion.
Laurent Bonnard, Gazette de Lausanne, Lausanne, 9 juin 1986

Oeil froid donc, qui relève les grandes familles de procédés inventés par l'homme pour faire face au mal, assimilé culturellement au désordre.
Christiane Givord, FAN, Neuchâtel, 9 juin 1986

Autre question venant constamment à l'esprit: à quoi sert le mal, sert-il, doit-il servir à quelque chose ? D'entrée de jeu, l'exposition démarre sur une question choc.
Journal du Jura, Bienne, 14 juin 1986

Dès l'ouverture de l'exposition neuchâteloise, le ton est donné: tout en contrastes. [...] La démonstration se veut critique, pour faire percevoir que le bien et le mal sont des notions fluctuantes.
Isabelle Martin, Journal de Genève, Genève, 21 juin 1986

Associés sur une même affiche, les deux mots n'ont rien d'engageant. Notre société n'aime en effet ni l'un ni l'autre.
Etienne Dumont, La Tribune de Genève, Genève, 17 juillet 1986

Vous êtes immédiatement concernés par la douleur, le malheur des innocents. Tout au long de ce parcours du mal et de la douleur, on est saisi par l'exceptionnel comme par le banal de certains "rites". C'est parfois effrayant par les images et par les objets. [...] Une exposition réaliste et cruelle !
Isabelle van Beek, Journal du Jura, Bienne, 30 juillet 1986

A l'heure où les musées foisonnent sans convaincre... la démarche du Musée d'ethnographie de Neuchâtel n'en est que plus intéressante.
C. F., Journal du Jura, Bienne, 30 juillet 1986

la naissance, la vie [...] l'actualité du mal [...], une réflexion sur les fléaux humains et naturels.
Bernadette Richard, Coopération, Bâle, 7 août 1986

Le visiteur prend conscience que les lois morales sont variables à travers les civilisations, les cultures, les siècles, les populations et les tribus.
Monique Druey, L'Écho illustré, Genève, 9 août 1986

Le mal, c’est le désordre. Rupture d’un contrat entre les hommes et les dieux, fracture dans l’ordonnance du monde. Après une exposition consacrée au repli sur le passé présumé idyllique, à la «muséification» du monde, les ethnologues de Neuchâtel se sont demandé pourquoi ce recroquevillement. «Nous recevons tant d’images de catastrophes, de guerres, d’horreurs incompréhensibles sur lesquelles nous n’avons aucune prise que nous nous réfugions dans un univers rassurant.»
En choisissant le thème du Mal, Jacques Hainard revient à la fonction première du musée: raconter des histoires qui mettent en perspective nos comportements et nos rites en les confrontant avec ceux des peuples lointains.
[…]
Sur fond sonore de compteur Geiger affolé, le visiteur se retrouve en fin de parcours devant une vitrine où des objets s’entassent en vrac. Privé de rites et de foi, toute idée de progrès balayée, comment va-t-il pouvoir négocier avec le mal ? Quel ordre peut-il organiser quand il ne contrôle plus rien ? Le mal est devenu largement «autogène», produit par les hommes plutôt que par les dieux.
La souffrance fait partie de la malédiction «Tu enfanteras dans la douleur». Les nouvelles techniques médicales peuvent l’annuler. «Mais si les femmes ne crient plus en couches, qui reprendra le flambeau de la douleur ?»
Peut-être ceux qui ont besoin d’avoir mal. Pour alimenter leur plaisir, parce que la souffrance ou celle des autres est nécessaire à leur jouissance. Ou encore ceux qui souffrent dans leur corps parce que «la douleur a une valeur communicative dont la symbolique reste à déchiffrer de cas en cas. Elle sert alors à occulter et à faire entrer dans le non-sens une problématique insupportable: deuil, malheur personnel.» Certains malades en font une véritable profession. La douleur intraitable est de la même veine que le tatouage.
Isabelle Rüf, L’Hebdo, Lausanne, 21 août 1986

A déconseiller aux personnes sensibles, avertissent certaines annonces de films violents. Devant l'exposition "Le mal et la douleur", au Musée d'ethnographie de Neuchâtel, on a envie de dire "à conseiller aux personnes sensibles", à celles qui désirent le rester. Surtout quand, émoussée par trop d’images d’horreurs à la télévision et au cinéma notamment, notre perception du mal et de la douleur se fait une impitoyable raison de ce qui n’arrive jamais qu’aux autres…
Notre monde se défend illusoirement contre toutes les formes du mal. Aseptisé, contrôlé par la technique, son image protégée nous est renvoyée par le Musée d’ethnographie, à travers ses panneaux de carreaux blancs. C’est, à dessein, une clinique. La clinique du «désordre», selon la définition du mal donnée par Jacques Hainard, directeur du musée. Désordre que le mal et la douleur introduisent dans un univers où l’homme croit toujours pouvoir reconquérir de lui-même le paradis perdu.
La force de cette exposition, ce sont ses raccourcis, jamais superficiels, ses images choc, ses mises en scène parlantes, voire hurlantes, qui nous plongent d’emblée au coeur de problèmes fondamentaux et complexes. On ne se trouve pas devant la réplique d’une chaise électrique crûment éclairée sans un frisson. On ne se laisse pas regarder par les yeux agonisants de la petite Colombienne Omayra Sanchez, dans sa prison de boue volcanique, sans ressentir du coup toute l’effrayante opacité que le mal et la douleur font peser sur notre monde. Même les prouesses technologiques et l’intelligence artificielle n’y peuvent finalement pas grand-chose. Un cerveau nu, à l’entrée de l’exposition, vient rappeler que toute notre science est impuissante à restaurer l’ordre paradisiaque dont nous rêvons parfois.
Il s’agit dès lors de composer avec ces réalités. Certains peuples en traduisent magiquement le drame, le combat du bien et du mal, tentent de se concilier ces forces occultes par la transe ou la sorcellerie. C’est ce que montrent amulettes malgaches, statues africaines, piège à démons tibétain, marionnettes javanaises et masques de Sri Lanka entre autres.
Démarches moins «primitives» et éloignées du rationalisme occidental qu’il y paraît. Nous avons tous nos gris-gris. Et l’excision rituelle des fillettes d’Afrique est-elle si différente, quant à la destruction réelle ou symbolique du sexe féminin, de la ceinture de chasteté, des traitements inhumains de l’hystérie au XIXe siècle et du recours expéditif à l’ablation de l’utérus aujourd’hui ? C’est l’une des questions provocantes, photos et objets à l’appui, que pose l’exposition. Elle évoque aussi la douleur (à travers les religions et les initiations tribales notamment) comme une réalité positive et constructive de l’être intérieur ou social. 
Dominique Vollichard, 24 Heures, Lausanne, 27 août 1986

L'intention du musée n'est pas de faire une oeuvre pieuse pour le "bien" de l'homme.
Voir, Lausanne, été 1986

Incroyable, la douleur que l'homme peut s'infliger pour court-circuiter le mal.
Christiane Givord, FAN, Neuchâtel, 5 septembre 1986

Pas de divan psychanalytique au Musée d'ethnographie, mais le divan de la torture.
Christiane Givord, FAN, Neuchâtel, 11 septembre 1986

La présentation neuchâteloise n'est pas de tout repos et agresse violemment notre sensibilité.
Eddy Häggi, Le Démocrate, Delémont, 22 septembre 1986

Faut-il être un peu maso pour choisir comme but d'une belle journée la visite de cette exposition qui inaugure les nouveaux locaux du Musée d'ethnographie de Neuchâtel ?
Femmes suisses, Carouge, septembre 1986

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