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Le Salon de l'ethnographie (03.06.1989 - 07.01.1990)

Dès l'entrée, deux bonnes centaines d'objets prélevés dans les réserves du Musée interpellent le visiteur: de toutes sortes (objets de culte, armes, instruments de musique, etc.), de toutes provenances, communs ou rares, en des rencontres parfois totalement inattendues, ils sont encadrés comme des natures mortes - mais par de simples photographies de cadres en noir et blanc - et dépourvus de la moindre explication.

Face aux productions matérielles d'une autre culture, on ne voit que ce que l'on sait. Arrachés à leurs lieux d'origine, ces objets orphelins ne sont rien sans le regard qui les constitue.

Pour un missionnaire, un coopérant, un savant, un agent colonial ou un artiste, non seulement ils n'ont pas la même valeur mais encore ceux qu'ils choisissent d'intégrer à leur espace de vie sont extrêmement différents.

L'exploitation commerciale n'est pas loin et le marché transforme objets, idées et choses en biens de consommation. Pour signifier cela, un obélisque, symbole du dieu-soleil chez les Egyptiens, signe de pouvoir pour leurs conquérants, est consacré au dieu-argent. Même le Musée n'échappe pas à cette emprise économique, condamné à entretenir sa réputation par des expositions annuelles liées à l'obtention de crédits !

Mais il convenait d'oser un pas de plus, avec humour, et sur le mode de la fiction faire fructifier selon les lois du marketing ce potentiel primitif, au risque d'être très vite dépassé par la réalité. L'accumulation du savoir sur les sociétés humaines permet aujourd'hui de dépasser le bibelotage et l'exploitation commerciale primaire pour déboucher sur l'ethnologie-conseil. L'ethnologie-conseil brise l'image d'un savoir gratuit, jette le pont entre le monde des affaires et celui des diversités culturelles, dégage un marché nouveau alimenté par les formes les plus extrêmes de l'imaginaire social.

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