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Objets prétextes, objets manipulés (02.06 - 30.12.1984)

Véritable manifeste de la muséologie neuchâteloise synthétisant plusieurs années de recherches et d'interrogations sur le statut des objets en général et des objets de musée en particulier, Objets prétextes, objets manipulés se présentait en trois parties contrastées, reliées par deux espaces de respiration. Après avoir rappelé avec André Gide, que l'importance était dans le regard, non dans la chose regardée, les concepteurs proposaient une réflexion sur la notion d'objet.

Dans la première section étaient traitées les questions relatives à la construction du terme dans un cadre muséographique (Objets pré-textes); les problèmes de définition de ce terme dans un contexte plus global, intégrant notamment la question de ses frontières avec les mondes minéral, végétal, animal et humain (Objets? Choses?); les questions d'échelle, l'objet se situant quelque part entre l'infiniment grand et l'infiniment petit mais toujours dans un rapport étroit établi au corps humain (Le corps étalon).

Etaient abordés également   la thématique des classifications populaires, indigènes, scientifiques ou poétiques, qui produisent une indispensable mise en ordre du monde (Mettre de l'ordre: choisir et associer); les effets de cadrage et de projections des oeuvres d'art sur des supports multiples (Problèmes de cadrage: l'imaginaire manipulé). L'exposition proposait alors un temps de réflexion sur la construction et le trajet de l'objet de musée (Du terrain au musée) ainsi que sur la vision des autres, en l'occurrence les Bochimans, en tant qu'objet et en tant que sujet à travers différents regards posés sur eux (De l'usage des sauvages).

Quittant cet intermède réflexif (l'ethnologue regardant l'ethnologue), le visiteur abordait ensuite sur la galerie un second espace consacré aux manipulations fonctionnelles que nous faisons subir aux objets de notre quotidienneté.

Qu'il s'agisse de vêtements (Ces objets qui parlent pour nous), d'art d'aéroport (De l'unique en série), de la manière d'emballer l'objet dans divers contextes (Magie de l'emballage), de la galaxie Coca-Cola et de la puissance des marques (Le consommateur emballé), de l'usage et du retour des déchets (Trajet du déchet) ainsi que de leur difficile élimination (Rejet du déchet), sans compter la passion du bricolage (Ca peut toujours servir), la manie du gadget (Ca sert à quoi ?), et finalement le piège à objets que constituent nos appartements (Ca m'suffit), la plupart des situations dans lesquelles nous entrons en interaction quotidienne et fonctionnelle avec les objets les plus divers étaient évoquées.

Un nouvel intermède consacré à la circulation sociale et culturelle des objets (Echange, contrainte, pouvoir) et à la constituion d'un contenu muséographique (La vitrinification) menait ensuite les visiteurs à l'étage inférieur où leur étaient présentées les principales manipulations symboliques dont les objets font l'objet. IEtaient alors analysées la (dé)valorisation de certains d'entre eux selon qu'on les regarde au premier ou au second degré (Le kitsch: un regard, une attitude), le contenu symbolique qu'on prête à certains autres dans des situations rituelles (Autant en emporte le vent), le caché et du montré dans le domaine de l'art (Dire et ne pas dire) et l'influence d'objets venus d'ailleurs sur le regard des gens d'ici (Trajets du masque).

Passaient finalement sous la loupe des muséologues le pouvoir de l'artiste ou du conservateur face à l'objet qu'il extrait de la quotidienneté (Pouvoir, décret, transgression), les questions relatives à l'authenticité des objets (Vrai? Faux? ainsi que Défense de retoucher) et finalement les systèmes de croyance fondant des légitimités transitoires liées à l'acte magique consistant, par exemple, à sortir un lapin d'un chapeau (L'imposture efficace).

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