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Si ... (5.6.1993 -23.1.1994) - Revue de presse

Prévue du 5 juin 1993 au 9 janvier 1994, l'exposition fut prolongée jusqu'au 23 janvier. 

«Si» vous aimez le cynisme. Exposition déroutante et dérangeante [...] «Ah ! Si j'avais des sous !» et surtout si j'avais du boulot, et si, et si. Avec des «si», la valeur refuge, on mettrait Neuchâtel en bouteille. Jacques Hainard, directeur du Musée d'ethnographie, pratique plutôt la purification. Avec un retour aux sources (pures): «Nous sommes tous des primitifs dans nos réactions émotionnelles. Ce qui nous incite à blanchir tout ce qui passe à portée de main.» [...] Quant au visiteur, il a le choix. A la sortie, dans des corbeilles, les hindous voisinent les sikhs et les Jurassiens sont à portée de main des Bernois. A vous de trier et de jeter à la poubelle ceux qui dépassent du rang. Rompez !
Jean-Jacques Charrière, La Suisse, Genève, 7 juin 1993

Tant de choses se passent sous la conjonction «si», pas toutes aussi poétiques que le délicieux «si j'aurais su j'aurais pas venu»! [...]
Le musée comme espace de réflexion, comme creuset d'un monde meilleur ? On peut en rêver une fois le cerveau débarrassé de ses gravats habituels grâce au passage dans la salle de purification du premier étage. C'est là, après vous avoir fait voir en images qui pour être cocasses n'en sont pas moins brutales, ce que pourrait être une purification ethnique version suisse, que le MEN vous attend au contour. Vous n'osez plus dire «y a qu'à» mais vous avez plutôt envie de baisser les bras que d'agir. Les sacs de l'aide humanitaire recouverts de publicité vous paralysent...
Eliane Waeber Imstepf, La Liberté, Fribourg, 12 juin 1993

Le Café du Commerce fait son entrée au musée. Avec lui, un cortège de lieux communs auxquels Jacques Hainard et son équipe mènent la vie dure. A la clé, une exposition rageuse où le visiteur balance entre l'envie et la répulsion.
[...] L'exposition, en fait, a valeur d'avertissement. [...] La peur, inhérente aux temps de crise, s'y inscrit en filigrane. Une peur de la réflexion telle que cette dernière en devient pure et dure, débarrassée de toute nuance et ramenée à une limpidité diabolique.
Pascal Brandt, Journal de Genève et Gazette de Lausanne, Genève, 12-13 juin 1993

Im Ablauf einer Tagesschau werden in thematischen Schwerpunkten einzelne Sprachgewohnheiten und Ausdrucksweisen visualisiert. Nur ein Beispiel für viele: Um den Satz «Le travail c'est la santé» (Arbeit macht gesund) zu veranschaulichen, wurde ein Spitalzimmer eingerichtet. Die Arbeitslosigkeit ist eine Krankheit unserer Zeit. Von dieser Überlegung aus geht die Kette der Assoziationen spielerisch weiter: Koma (von gr, kòmatos, tiefer Schlaf) führt zu chômage (Arbeitslosigkeit), von gr. kauma, brütende Hitze, und lat. caumare, sich erholen, daher der Mexikaner, der am Fuss des Krankenbettes kauert und Siesta hält. In der Badewanne im anschliessenden Badezimmer wird ein Schaf gegrillt (die Ausländer nehmen uns die Arbeit weg), daneben steht ein Computer (auch die Automatisierung nimmt uns die Arbeit weg). 
Aurel Schmidt, Basler Zeitung, 19 juin 1993

Den Ausstellungsmachern, diesen verspielten Intellektuellen, vergeht zum Schluss das Lachen. Und mit ihnen dem Besucher. Der «sens commun», das Alltagsdenken, das wir im Deutschen gern als gesunden Menschenverstand verherrlichen, wird zum Alptraum.
Peter Müller, Tages Anzeiger, Zurich, 21 juin 1993

Autrefois, les expositions ethnographiques n’étaient pas trop compliquées. Vous alliez au musée de Neuchâtel, on vous présentait «Tout sur les Touaregs» ou sur les «Esquimaux» et vous reveniez l’âme sereine. Vous aviez vu des selles de dromadaires, des théières, des tapis, des pics à glace pour fabriquer des igloos, des harpons pour attraper des baleines et vous vous disiez: «Bon sang. Quelle civilisation. Et où donc le conservateur du musée est-il allé chercher tout ça ?» Il y avait dans ces expositions une part de rêve qui se poursuivait bien au-delà de votre visite: la nuit venue, vous vous voyiez en fiers nomades préparant le méchoui près d’une tente en peau de mouton ou dépeçant un cachalot sur la banquise avec un canif en os de phoque.
Tout cela est terminé. Depuis treize ans qu’il dirige le Musée ethnographique de Neuchâtel, c’est à nos propres habitudes, nos comportements, nos modes de pensée que Jacques Hainard consacre ses expositions ethnographiques. Finies, les razzias à dos de chameau et les veillées boréales à la bougie de graisse de renne: les thèmes sont devenus plus proches de nous et plus cérébraux. Au fil des ans, Hainard nous a ainsi offert des variations sur le thème des «rites de passage» dans notre société, sur le «mal et la douleur», sur les «ancêtres», «la femme» et même le «trou» – autant de thèmes qui lui ont valu peu à peu une réputation sinon sulfureuse, du moins controversée. D’un côté, la cohorte de ses admirateurs, convaincus de voir en lui l’initiateur d’une véritable révolution muséographique. De l’autre, une frange de visiteurs, voire de confrères, qui le considèrent comme un provocateur s’essoufflant à surprendre son monde en mettant côte à côte, année après année, des tampons hygiéniques et des calumets sioux, des pinces à sucre et des chausse-pieds guatémaltèques, des Swatch et des colliers de femmes-girafes. 
Yves Lassueur, L'Illustré, Lausanne, 23 juin 1993

Tout cela est évidemment ludique, quoiqu’un rien potache. Le visiteur éprouve quelque chose comme ce plaisir surréaliste à voir se rencontrer un parapluie et une machine à coudre sur une table de dissection. Au passage, il reconnaît les lieux communs et se sent donc plus fort qu’eux (blanchi lui aussi, d’une certaine manière). Mais l’impression dominante demeure malgré tout celle d’une dénonciation un peu convenue. Il y a quelques années, on aurait dit que ces lieux communs étaient de droite; maintenant on ne sait plus très bien. Il arrive aussi que cette muséification des discours ordinaires laisse transparaître un lieu commun qui n’était pas au programme. Celui, haut de gamme, que produit parfois la science ethnologique elle-même, avec ses états d'âme mi-amusés mi-désabusés, sa liturgie de la distance critique, et son désir de se purifier d'un proche passé où elle marchait main dans la main avec les intérêts coloniaux par des appels rituels et incantatoires à la reconnaissance de l’Autre. De là à percer effectivement les rideaux de fumée qui nous interdisent de voir l’Autre, c’est bien entendu une… autre affaire.
Michel Audétat, L'Hebdo, Lausanne, 24 juin 1993

Provocateurs à leur habitude, Jacques Hainard et son équipe dissèquent [...] ce «sens commun» qui fait de nous des experts en tout.La provocation atteint son comble au premier étage. Comme nous les mettons «tous dans le même panier», la grande buanderie du MEN comporte une corbeille pour les Serbes et une autre pour les Croates. Après tout, l'institution ne compare-t-elle pas «in fine» le tri des requérants d'asile au compostage de la récupération du verre ?
Merveilleusement mise en scène dans des décors où le visiteur peut librement se promener, «Si» constitue l'exposition la plus insolite et la plus insolente de Jacques Hainard depuis «Le Trou». Chacun en ressortira avec quelques idées de plus et quelques toiles d'araignées en moins. Avec des «Si», on peut apparemment tout faire. Même rendre intelligent. 
Etienne Dumont, Tribune de Genève, 28 juin 1993

[...] «Mais nous sommes tous des champions des opinions à l'emporte-pièce, assure Jacques Hainard. Les ethnologues ne sont pas des extraterrestres: ils sont en position d'observation participante. Les grosses ficelles du sens commun nous sont indispensables pour communiquer. On ne peut pas être dans le doute permanent. Il nous faut aussi des certitudes. Le prêt-à-penser en est pavé, c'est ce qui fait sa force.»
Pour faire dans le lapidaire elle aussi, l'exposition s'intitule «Si...» [...] En conséquence et comme d'habitude, Hainard fait de la provoc' en déversant sur la moquette du musée un monceau de sacs-poubelle [...]
Françoise Jaunin, 24 Heures, Lausanne, 29 juin 1993

Vi piacciono le capriole culturali e amate la ginnastica mentale ? Siete disposti a mettere in discussione voi e le vostre idee, le vostre credenze e i vostri valori ? Non vi disturba più di quel tanto guardarvi a fondo in uno specchio che non nasconde nulla ? Se le risposte sono positive allora siete attesi nei prossimi mesi al Museo di Etnografia di Neuchâtel [...]
C'entra perché il termine «chômage» (disoccupazione, in francese) è di origine greca e significa «riposare ». Ecco che dietro la provocazione si affaccia subito il luogo comune: «la disoccupazione è si un grande problema, molti ne sono vittime innocenti... ma tanti altri ne approfittano, è gente che non ha voglia di lavorare. E poi ci sono gli stranieri (da noi i frontalieri) più abili degli svizzeri nel saper approfittare di situazioni difficili, e che ci rubano il lavoro».
Marco Horat, Azione, Muzzano, 15 juillet 1994

[...] so kann die Neuenburger Ausstellung doch durch ihre Abrechnung mit dem «gesunden Menschenverstand», der sich oft als «gesundes Volksempfinden» versteht, die Besucher zum Nachdenken über die intolerante Einseitigkeit vieler weitverbreiteter «Selbstverständlichkeiten» anregen.
Arnold Niederer, Neue Zürcher Zeitung, Zurich, 20 juillet 1993

[...] au deuxième étage de l'exposition, des machines à tout laver, tout nettoyer, tout blanchir... Jusqu'à ressortir propre comme un «bon Suisse» aux idées «bien nettes». Et c'est le choc. La solution est là. Qui frappe. Qui secoue. Qui interpelle. Ironie, cynisme. Jacques Hainard et son équipe, une fois de plus, jouent avec notre (bonne) conscience et nous renvoient... notre propre image.
[...] Plus qu'une autre, l'exposition «Si» peut s'adresser aux enfants. Avec quelques clés que les instituteurs, les professeurs n'auront pas de peine à glisser dans la serrure. Celles de la porte ouvrant sur l'histoire (la Yougoslavie, c'est l'histoire en marche), l'instruction civique (racisme, politique), la géographie (peuples d'ici et d'ailleurs, nos frontières).
Anouk Ortlieb, L'Impartial, La Chaux-de-Fonds, 23 octobre 1993

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