Himalaya (02.12.1999 - 31.12.2012)
Suscitée par le legs de vingt-cinq statues tibétaines provenant de la collection de Mme Vera Hermann-Husy et par la volonté de présenter dans une nouvelle scénographie la collection du royaume du Bhoutan dont le Musée d'ethnographie de Neuchâtel est dépositaire depuis 1968, l'exposition Himalaya s'inscrit dans le prolongement d'une réflexion sur l'imaginaire et les effets de réalité poursuivie depuis plusieurs années par l'équipe du MEN à travers ses expositions temporaires.
Pour ce faire, les concepteurs ont développé dans le même espace deux mandalas – représentations géométriques et symboliques d'univers physiques et métaphysiques dans le brahmanisme et le bouddhisme – à la fois visuels et sonores présentant deux constructions possibles de ce monde lointain et familier, désiré ou idéalisé, voire même divinisé, qu'est aujourd'hui l’Himalaya.
Au sol, deux carrés de couleurs différentes délimitent des espaces contrastés; dans une vitrine murale, les objets se détachent sur trois bandes colorées bordées par deux bandes noires renvoyant au cinémascope et rappelant que l’Himalaya est appréhendé à partir des catégories occidentales.
Dans l'espace, une composition musicale dialogue avec les objets exposés. Transposant l'opposition entre les deux mandalas, elle développe une architecture sonore à partir de sources disposées aux quatre points cardinaux. Constituée de cinq séquences de six minutes, elle dialogue avec les objets, images et textes à partir de l'idée d'ascension d'un sommet himalayen. «Le seuil» joue sur les objets du rituel, «l'approche» dégage les influences indiennes, «les contreforts» disent les lieux monastiques, «l'ascension» mobilise alpinistes et sherpas et «les hautes cimes» suggèrent les explorateurs de l'abstraction.
Le premier mandala se déploie en strates homogènes à partir des objets et des sons les plus mythiques, et se réfère implicitement à l'archétype de l'exposition ethnographique: en haut une bande de montagnes pures et inviolées, au centre une série de vingt-cinq statues dorées et en bas un alignement d’objets traditionnels aux couleurs chaudes.
Le second mandala se déploie en mosaïque, associant les représentations et les sonorités intériorisées et produites par les voyageurs qui ont arpenté concrètement ou virtuellement cette région du monde. Le parcours s'organise sur un axe partant de la fiction (bande dessinée, cinéma) pour mener à la recherche d'une plus grande factualité (géopolitique, ethnologie, géologie) en passant par divers types d’expériences avec gens ou objets «de là-bas» (musées, musique, publicité, tourisme, activisme culturel ou politique).