Après une mise en condition qui jouait sur le titre, le spectateur pouvait partir à la découverte de la structure cachée à l'intérieur de l'enveloppe charnelle, connaissance qui s'est heurtée jusqu'à la Renaissance au tabou de la dissection et aux difficultés de conservation des cadavres et dont les progrès n'ont pu se faire qu'à la faveur de l'esthétisme.

Découverte aussi du corps des autres, c'est-à-dire des «sauvages», à travers les récits de voyage et d'exploration. Le «bon sauvage», homme de la nature idéalisé au siècle des Lumières, deviendra le beau et sain sauvage jusqu'à ce que l'observation en fasse un être débile physiquement comme en concluent ceux qui se livrent à des mesures dynamométriques prétendument objectives.

Le développement de l'anthropologie physique conduit aux théories raciologiques erronées qui aboutissent non seulement à diverses oppressions, mais à des massacres. Le recours à la torture afin de conformer, par des «pressions» sur le corps humain, l'homme à la norme idéologique et politique décrétée par certains régimes est un problème d'une brûlante actualité.

Le corps humain, n'est pas seulement l'aboutissement de neuf mois de vie embryonnaire pendant lesquels l'être en formation passe par divers stades de développement qui évoquent l'Evolution des espèces, ni la longue histoire qui commence il y a 6 millions d'années lorsque l'hominien se dégage du primate.

La question de leur origine a dû préoccuper depuis longtemps les hommes et la plupart des sociétés se sont efforcées d'expliquer l'apparition des premiers d'entre eux, tel le mythe d'origine des Asmat de Nouvelle-Guinée.

Voilà donc créé par la pensée un corps qui diffère non seulement de celui des animaux, mais aussi de celui de tous les autres hommes, des monstres, des créatures fantastiques. En fait, il existe diverses normes de conformations.

La représentation de la forme a posé aussi de difficiles problèmes. Fabriquer une image du corps humain c'est le connaître d'abord en quelque manière, prendre donc une distance avec lui; c'est aussi se reconnaître comme agent singulier, choisir son rôle et identifier sa fonction. La figuration naturaliste n'existe par conséquent pas, comme il ressort des innombrables expressions données à l'apparence humaine, dont 37 exemples sont distribués sur une carte du monde. De là, les multiple canons qui intègrent le corps à un univers de pensées et de relations avec le tout cosmique.

Ainsi en témoignent des exemples pris dans le bouddhisme tantrique et qui peuvent être dégagés de superbes «thanka», où la croyance intègre tous les aspects du corps, même ses contradictions.

Le corps est rarement pris tel quel, dans son intégralité. Les cultures humaines l'appréhendent bien souvent partiellement: on lit des détails et on se représente le tout. En chacun de ses éléments, pris un à un, il comporte des significations, qui peuvent différer d'un groupe à l'autre. Mais plus encore, il est manipulé, modifié, paré, caché, masqué, jamais brut, ce qui a été illustré à travers des objets sortis des réserves du Musée.

Toutes les parties du corps, cheveux, ongles, dents, etc., ce qui s'en détache, naturellement ou artificiellement, ne cessent d'en faire partie. Comme la magie permet d'agir sur l'ensemble dont elles proviennent, on en prend grand soin; certaines sont récupérées pour devenir, sous la forme de talismans, d'amulettes ou de reliques, des éléments protecteurs.

Enfin, après un «mur des sensations» qui a connu un grand succès, a été évoqué le rôle du corps dans nos sociétés. Il n'est que de voir sa place dans la publicité pour se rendre compte de son importance, de songer à l'engouement récent pour le «fitness», la gymnastique, ce qui permet de soigner sa «forme» comme sa «ligne», l'investissement qu'il représente du point de vue économique, dans la mode, les cosmétiques, la médecine, l'alimentation, l'industrie du sexe ou le cinéma, cette section étant animée par un quintuple programme vidéo.