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Le corps enjeu (4.6.1983 - 1.1.1984) - Revue de presse

Cette exposition, comme celles qui ont précédé, n'est pas un étalage de choses exotiques propres à nous faire rêver sur les bizarreries des autres peuples (et à nous rassurer sur notre développement... ou à nous le faire regretter). Bien que l'amateur de curiosités venues de l'étranger doive y trouver son compte – ô combien! –, il sera également mis face à sa propre culture et forcé de la considérer avec l'oeil d'un étranger. Il sera dans la peau (!) d'un ethnologue qui cherche à comprendre une société différente en se mêlant aux indigènes.
Stanislas Joly, Courrier de Neuchâtel, Colombier, 2 juin 1983

Le Musée d'ethnographie de Neuchâtel ne veut plus confronter le visiteur dans ce qu'il attend de l'institution muséale, il veut l'interroger.
Mo. J., Feuille d'Avis de Neuchâtel, Neuchâtel, 6 juin 1983

[...] une exposition qui entraîne la discussion, la réflexion et l'étonnement. Elle est dédiée aussi bien aux très jeunes visiteurs qu'aux adultes et aux aînés, elle ne peut que passionner, intéresser, instruire...
Ruth Widmer-Sydler, L'Impartial, La Chaux-de-Fonds, 6 juin 1983

Ce télescopage d'objets, dont la provenance balaie presque toute l'histoire de l'humanité et toute la surface de la planète, résume bien à lui seul l'esprit dominant de l'exposition qui vient d'ouvrir ses portes. [...] Finies les expos consacrées spécifiquement aux Esquimaux, aux Touaregs ou à telle population plus ou moins exotique. Place à l'exposition «analogique» qui, sur un thème très extensible, éclaire le plus large spectre possible. [...] Inaugurée il y a deux ans avec l'exposition Les Rites de Passage, confirmée l'an dernier avec Collections Passion, cette ligne de conduite a ses supporters enthousiastes, surtout dans les rangs de la nouvelle école, et ses adversaires vigoureux: les uns et les autres se manifestent aussi bien parmi les visiteurs que dans les milieux ethnographiques.
Yves Lassueur, L'Hebdo, Lausanne, 9 juin 1983

Die Ausstellung will – ausdrücklich – den Bürger nicht in seinem Bildungskanon bestätigen, sondern ihn durch seltsame, skurrile, frappante Kombinationen überraschen, zum Denken anregen, ins Gespräch führen. Dieses Ziel wird wohl erreicht. Die sorgfältig aufgebaute und reichhaltige Ausstellung widerspiegelt aber mehr ein assoziatives und von funkelnden Spracheinfällen angeregtes Denken und lässt die zwingende wissenschaftliche Fundierung vermissen. Vor allem fehlt die historische Dimension.
Iso Baumer, Neue Zürcher Zeitung, Zurich, 11 juin 1983

De cette attitude, déjà observée lors des deux précédentes expositions du nouveau conservateur, naît la méthode analogique. On choisit un sujet, un thème, et l’on recourt, pour l’illustrer, à des objets d’apparence hétéroclite cependant liés par une même fonction. Ce mode de faire vise à susciter l’étonnement et la réflexion du visiteur, un homme par définition saturé d’images et d’informations. «Nous procédons par analogie, dit Jacques Hainard, nous empruntons des raccourcis que nous voulons stupéfiants pour illustrer notre sujet.» Par exemple, au chapitre des soins corporels, le précieux objet artisanal côtoie le tampax. La seule critique qu’on pourrait adresser à l’exposition, c’est de vouloir trop en dire sans pouvoir prétendre épuiser le sujet. Deux ou trois thèmes abordés suffiraient déjà à votre bonheur de visiteur. Mais l’écueil était peut-être inévitable: tout part du corps, tout y revient. Un tel sujet ne se laisserait circonscrire qu’au prix de partis pris arbitraires, tant l’enjeu est vaste, quasi insaisissable dans tous ses prolongements.
Jean-Bernard Vuillème, Tribune de Lausanne - Le Matin, 12 juin 1983

Mais l'occasion est belle aussi de découvrir grâce à cette exposition d'autres modes que le nôtre de vivre et de penser son corps, dans d'autres sociétés, et de relativiser ainsi le jugement que nous portons sur autrui, cet étranger (souvent cet inférieur à nos yeux d'Occidentaux). Le corps des autres, semblable et extérieur au nôtre, fait ainsi le lien entre le monde et nous.
Isabelle Martin, Journal de Genève, Genève, 18 juin 1983

Una mostra sorprendente, anche sconvolgente, ma stimolante, che esplode sotto gli occhi del visitatore attento come una bomba.
Marco Horat, Corriere del Ticino, Lugano, 24 juin 1983

Une seule réserve dans ce voyage très dense au pays du corps: il invite presque à mépriser nos «Q-tips» et nos «Tampax» pour admirer sans réserve les pincettes africaines. En oubliant, dans notre volonté parfois nostalgique de respecter les autres cultures, que nous avons également un passé raffiné, et qu'elles aussi évoluent -immanquablement? - vers l'ère des gants en plastique rose.
Isabelle Guisan, L'Illustré, Zofingue, 20 juillet 1983

Das dynamische Neuenburger Museum ist während dieses Somrners zu einem Schmelztiegel der neu in Mode gekommenen Ethnologie geworden, der vergleichenden Völkerkunde, die uns Bescheid gibt über die Gestaltungskräfte und Formen der menschlichen Kultur.
Klettgauer Zeitung Schaffhauserland, Hallau, 22 juillet 1983

Alors, cette expo? ben, elle est peut-être révolutionnaire pour Neuchâtel, à la limite Fribourg, mais ça s'arrête là. Attention: je ne dis pas qu'elle est inintéressante! Au contraire, c'est une bonne exposition. Disons une bonne introduction à une réflexion sur le corps, bien mise en images, sans trop d'audace. On y voit bien un kleenex souillé, pour nous rappeler que le corps a ses sécrétions, mais on ne va tout de même pas pousser le réalisme jusqu'à mettre en montre un tampax taché de sang. C'eût été pourtant dans la logique du mouchoir, mais je ricane sur des détails sans importance au regard de l'ensemble. Je m'arrête sur la planche «soins et déchets du corps» qui à mes yeux révèle les inhibitions de notre époque. Mais d'autres aspects nous attendent.
Si vous n'avez pas le temps de vous rendre à Neuchâtel, vous pouvez tout aussi bien commander Le corps enjeu... 180 pages vraiment fouillées et que je vous recommande sans la moindre réserve.
Genève Home Information, Genève, 18 août 1983

Le fil de l'exposition étant cérébral au plus haut point, on pouvait montrer un peu n'importe quoi pour illustrer le propos. Selon une habitude prise il y a longtemps, l'exposition est visuellement présentée d'une manière aussi somptueuse qu'intelligente. Et, suivant la pratique qui s'est installée il y a quelques années, elle se veut aussi un divertissement.
Etienne Dumont, Tribune de Genève, Tribune des Arts, 1er septembre 1983

Zwei Qualitäten zeichnen das Neuenburger Völkerkundemuseum aus: eine sehr reiche, alle Erdteile Umspannende eigene Sammlung und eine wissenschaftliche Arbeitsrichtung, welche unsere eigene Gegenwartskultur zurn Gegenstand ethnographischer Forschung macht.
Auch die diejährige Sonderausstellung verbindet die beiden Themen zu einer frappierenden Einheit: Sie rückt exotische Sammelobjekte ferner Völker und Zeiten auf dieselbe Augenhöhe mit banalen Gegenständen unseres alltäglichen Gebrauchs. Damit provoziert sie kritische Vergleiche – die selten zu unseren Gunsten ausfallen. Vor allem aber lässt sie angesichts der (bei aller Unterschiedlichkeit der kulturellen Ausprägungen) im Kern so verwandten Verhaltensweisen, die Menschen ihrem elgenen Körper entgegenbringen, ein starkes Gefühl von Gemeinsamkeit aufkommen: Wir haben unter verschiedenartigsten Kleidern alle denselben Körper.
Marie-Louise Zimmermann, Berner Zeitung, Berne, 7 septembre 1983

Cette exposition, passionnante, est pourtant loin d'être exhaustive. Bien après l'avoir visitée, son interrogation nous poursuit, tant il est vrai que notre propre corps, indissociable de notre être, nous est encore très étranger. Il reste mystérieux, tout en étant la partie la plus sensible de l'univers.
E. J., L'Echo, Hebdomadaire catholique, Lausanne, 10 septembre 1983

En fait. on peut admettre qu'il y a dans l'exposition du Musée d'ethnographie de Neuchâtel de quoi déranger à peu près tout le monde, ne serait-ce qu'en raison de la multiplicité des points de vue. Pour avoir présenté, de la façon la plus large possible, et au travers de civilisations éloignées par l'espace et par le temps, un ensemble considérable d'objets ou d'images liés à l'existence physique et intellectuelle du corps, le Musée n*en aura pas moins réduit le spectateur attentif à s'interroger d'abord lui-même.
Jean-Pierre Graf, Construire, Zurich, 14 octobre 1983

Depuis longtemps les expositions du Musée d'ethnographie ont dépassé les frontières du canton de Neuchâtel. Centrée autour d'un thème particulièrement actuel: le corps, l'exposition de cette année séduit, choque, invite à la réflexion. Impossible de réduire sa richesse à une plate énumération des thèmes traités, chacun y trouvera, partant d'un point de départ tout personnel, une ample moisson d'impressions, de réminiscences, de sujets d'étonnement ou de répulsion.
[...] Nous sommes loin du musée-exhibition qui offrait au visiteur des objets poussiéreux agrémentés d'affirmations lapidaires et condescendantes sur les moeurs des primitifs. Aujourd'hui l'affirmation se mue en interrogation, l'homme civilisé a été ou est ce primitif qui cherche, angoissé, à travers son corps, sa raison d'être.
Anne Bonhôte, Jour de France, Genève, Ed. Suisse, 3 décembre 1983

Exposition très dense donc que ce Corps enjeu qui demande une visite attentive, curieuse et passionnée, qui parfois ne fait qu'entrouvrir certaines perspectives, mais qui suscite toujours un intérêt soutenu. Fatalement fragmentaire, parce qu'embrassant un champ très vaste, mais interpellant le visiteur et l'interrogeant sur sa finalité, cette exposition pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. C'est que précisément elle est allée très loin sur les chemins de l'indicible et de l'insondable. Notre corps, cet inconnnu, c'est en quelque sorte la grande révélation qui nous est laissée au moment de quitter le seuil du musée neuchâtelois.
Blaise Nussbaum, Coopération, Bâle, 15 décembre 1983

Ce succès est celui d'une nouvelle forme de muséographie. Les sociétés extraeuropéennes sont mises sur le même pied que la nôtre. Un cure-nez africain est exposé à côté d'un mouchoir en papier. On «catapulte les objets», dit Jacques Hainard, qui ajoute: «Ces raccourcis fascinent les gens».
L'enthousiasme est presque général. Il y a quand même, dit le conservateur, «une frange qui ne supporte pas». Et qui adresse deux reproches à l'exposition: notre société y est «maltraitée», et il n'y a pas assez de «belles choses».
Mais en tout cas ça bouge. Certains visiteurs poussaient des hurlements en enfonçant leur main dans les trous du «mur des sensations». S'ils n'en poussent plus, c'est que le mur a été littéralement pillé. Et les peintres qui restaurent la fresque de Hans Erni ont entendu des familles «s'engueuler» à la sortie du Musée. «L'exposition remue quelques grandes questions, dit Jacques Hainard. Et je me dis qu'on a touché juste.»
Jean-Pierre Aubry, La Suisse, Genève, 25 décembre 1983

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