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Temps perdu, temps retrouvé (1.6.1985 - 5.1.1986) - Revue de presse

Plus que la simple inauguration d'une nouvelle exposition, c'est une nouvelle et grande porte sur une passionnante réflexion qui s'est ouverte samedi au Musée d'ethno,graphie.
Mo J., Feuille d'Avis de Neuchâtel, Neuchâtel, 3 juin 1985

S'y trouve souligné également le choix de la méthode fondamentale d'exposition: la contamination du sens provoquée par la juxtaposition d'objets différents. Il s'agit de raconter une histoire et non de se limiter au seul étalage d'objets munis de leur étiquette.
Ainsi goûtera-t-on aux charmes sobres et provocants de cette exposition, que la lecture du petit livre de 168 pages édité à cette occasion fera revivre et prolongera comme une madeleine...
S. Joly, Courrier neuchâtelois, Colombier, 5 juin 1985

Tout se passe comme si le Musée de Neuchâtel, acteur d'une cérémonie funéraire longue de cinq ans consacrée à la mort du Musée, arrivait maintenant au terme du rite de passage. Après les rites de séparation et de marge, c'est au tour des rites d'agrégation de prendre place. Le musée mort à son passé, renaît différent: il peut désormais s'intégrer pleinement à la société qui lui a donné naissance en devenant un lieu de réflexion et de critique. Il confesse que ce qu'il faut sauver du présent, c'est en tout cas le musée. Connaissance du monde et connaissance de soi sont ses lois; finalement, il nous permet de contempler l'Idée du musée.
Alain Monnier, Journal de Genève, Genève, Gazette de Lausanne, Lausanne, 8 juin 1985

L'esthétisme n'est de loin pas étranger au plaisir que l'on ressent. Tout a été étudié dans le moindre détail pour contribuer à une atmosphère, un climat. Et Paul Valéry n'écrirait plus aujourd'hui, comme en 1934: "Je n'aime pas trop les musées; il y en a beaucoup d'admirables, il n'en est point de délicieux." Avec son merveilleux sens de l'hospitalité, Jacques Hainard sait que le goût des mets s'améliore quand la table est bien mise.
Marie-José Fournier, Radio-TV Je vois tout, Lausanne, 20 juin 1985

Unter dem Titel "Temps perdu, temps retrouvé: du côté de l'ethno... " hält das Musée d'ethnographie in Neuchâtel Rückschau. Es fragt kritisch, aber auch mit einem Augenzwinkern nach Sinn und Funktion des Museums, besonders des Ethnologischen Museums, in unserer Zeit.
Paul Ignaz Vogel, Basler Zeitung, Bâle, 22 juin 1985

Et c'est ma foi vrai qu'en enregistrant, cataloguant, planquant; en accumulant, en entassant, collectionnant dans des musées, des albums, des réserves, des dictionnaires, nous nous donnons bonne conscience vis-à-vis du passé.
Et cela va du patois aux costumes folkloriques; du vase chinois des Ming... aux déchets atomiques d'aujourd'hui!
Richard Loewer, Coopération, Bâle, 27 juin 1985

Fort de son ambivalence fonctionnelle de conservation et d'exploration, le Musée d'ethnographie peut, mieux que les institutions parallèles, faire le "discours du discours" et s'interroger sur son rôle: " ... préserver le patrimoine, si tant est que nous devons transmettre le patrimoine et lequel ?", (s') interroge le conservateur et directeur de l'exposition.
Stanislas Joly, Voir - Lettres arts spectacles, Paudex, juin 1985

La Suisse est terre fertile en musées. C'est là une richesse infiniment précieuse. Mais il est aussi fondamental et passionnant que l'un d'entre eux se consacre ainsi – et avec cette qualité d'analyse et d'illustration – à la radiographie de l'institution elle-même.
Françoise Jaunin, Le Matin, Lausanne, 28 juillet 1985

Jacques Hainard, quant à lui, essaie de faire un discours cohérent, de faire passer un message. En confrontant des objets dans son musée, en leur prêtant des fonctions diverses, il a tenté de faire naître une réflexion sur ces objets, pas si neutres qu'il n'y paraît, sur le pouvoir, sur la notion du temps.
Une compilation d'objets ne recèle pas de vérité, prétend-il. Les objets devraient parler des hommes. Les musées devraient raconter des histoires, postule Jacques Hainard. Etre en quelque sorte une référence non pas absolue mais relativisante, entre le passé et l'avenir.
(ats), Le Pays, Porrentruy, 16 août 1985

Mais pour Jacques Hainard, la mission du Musée d'ethnographie doit être plus ambitieuse que celle de simple conservatoire du temps qui passe. La "muséification " transfigure automatiquement l'objet. Marcel Duchamp l'avait manifesté symboliquement et insolemment quand il avait exposé un urinoir et un porte-bouteilles portant sa signature.
Le musée "artifie" l'objet. A l'ethnologue d'en profiter pour brouiller les regards et les habitudes de pensée en contaminant les sens des objets, en les confrontant, en instaurant des rapprochements inattendus et révélateurs. Le musée transforme alors les objets-mémoire en messages sociaux capables de s'éclairer les uns les autres, et devient lui-même lieu critique privilégié de prise de conscience du présent aussi bien que du passé. Et même peut-être, préfigurant les mutations de société, espace ouvert sur le futur.
Françoise Jaunin, Coopération, Bâle, 22 août 1985

Die Gestalter der Ausstellung von Neuchâtel machen sich keine Illusionen: Wie durchdacht auch immer ein Museum konzipiert sein mag, es wird gewissen Verzerrungen und der "Künstlichkeit" nicht entgehen. Ästhetisierung, "Starkult" um seltene Stücke und die immer willkürlich bleibende Kombination der Objekte schaffen neue Sinnzusammenhänge, die den Gegenständen und der Kultur ihrer Herkunft nur bedingt gerecht werden können. Trotzdem so wird argumentiert, hat das Museum in der modernen Konsum- und Wegwerfgesellschaft angesichts der pausenlosen, flüchtigen Reizüberflutung (welche das rasche Vergessenkönnen zur Überlebensfrage macht) wichtige Funktionen zu übernehmen als Refugium der Vergangenheit und des kollektiven Gedächtnisses, das mehr denn je vom Fortschritt bedroht ist.
Peter Egloff, Bündner Zeitung, Coire, 31 août 1985

Peut-on affirmer, comme on peut le lire sur l'un des panneaux explicatifs, que "seule une muséographie qui ose contaminer le sens des objets en les confrontant les revitalise, puisqu'ils deviennent ainsi porteurs d'un nouveau message et que le musée enfin se transforme en un lieu critique, conscience du présent et ouverture sur le futur" ? De là à faire voisiner le hachoir à viande et la statuette du Bouddha, le tube de pâte dentifrice, le briquet jetable et le réveil-matin... il n'y a qu'un pas. Faut-il le franchir ? Ce ne sont là que quelques-uns des aspects du débat proposés par cette exposition. Que chaque visiteur aura tout loisir d'approfondir. A condition qu'il n'ait pas décroché en cours de route. Car si l'exposition veut alimenter la réflexion critique, il en est une, de critique, à laquelle elle n'échappe malheureusement pas: un intellectualisme prétentieux qui risque fort de décourager plus d'un visiteur. Ce qui serait dommage.
Paule Potterat, Fémina, édition romande, Lausanne, 10 septembre 1985

Le musée est trop souvent devenu un dépotoir à trésors, un cimetière qui passe à côté de la vie. Impardonnable dans le cas d'un Musée d'ethnographie, chargé justement de conserver les témoignages des peuples.
Le catalogue théorise beaucoup sur la question. Lexposition plus directe lance des slogans à réveiller les morts.
Cécile Lecoultre, 24 Heures, Lausanne, 24 septembre 1985

A-t-on jamais entrepris de s'interroger avec assez de rigueur, ici en Suisse, sur la tentation d'exposer et la fonction du musée, ensemble de pratiques et de désirs très particuliers, en passe de gagner aujourd'hui (et comme la puissance du général et de l'universel ? Si le meuble fait partie de certains musées, le musée quant à lui fait bien partie des meubles... Avec "Temps perdu, temps retrouvé: du côté de l'ethno...", visible jusqu'au 5 janvier 1986, le Musée d'ethnographie de Neuchâtel propose un parcours critique de la question. C'est tant mieux.
Jean-Christophe Aeschlimann, Construire, Zurich, 25 septembre 1985

Nous avons parcouru, côté ethno, ces temps perdus et retrouvés avec tout l'humour, non sans une certaine concentration, qu'exigent les auteurs de cette nouvelle exposition. Un parcours qui suit une certaine logique également, et qui emmène le visiteur à travers une quinzaine de points essentiels. Les musées sont "touchés", le visiteur aussi, un certain nombre d'interrogations viennent immédiatement chicaner l'esprit et voilà notre prétendu bon sens remis en question. Mais c'est tellement vrai que l'on mélange les genres, que l'on amoncelle les trésors, que la mémoire a besoin d'objets, que tout est manipulé, individu compris, que l'on est agressé quotidiennement. [... ]
Il est vrai que ce temps perdu semble brusquement retrouvé, tout comme ces choses du passé nous apparaissent au présent. Illusion ? Peut-être l'espace d'une visite au Musée d'ethnographie, où se chevauchent deux mondes, passé et présent, et que l'on ne sait plus très bien parfois auquel nous devons nous référer. Mais du moment que les questions nous sont venues à l'esprit, le but de l'exposition est atteint; encore faudra-t-il que la réflexion se prolonge au-delà du temps perdu et du temps retrouvé.
Isabelle van Beck, Journal du Jura/Tribune jurassienne, Bienne, 5 octobre 1985

Avouons-le: il faut un petit côté maso pour visiter les expositions de Jacques Hainard, conservateur du Musée d'ethnographie de Neuchâtel. Vous croyez aller découvrir de beaux objets et par là vous rassurer un peu. Raté ! D'emblée le propos des ethnologues vous titille les méninges. Les années précédentes déjà, maints visiteurs avaient eu un choc, en voyant exposés dans une vitrine de musée des objets aussi vulgaires que des Tampax ou des boîtes de Coca. [...]
Etonnante cette muséite aiguë, signe d'une époque où l'évolution de la technique progressant à tombeau ouvert, où le flot incessant des informations plongent l'homme dans le désarroi et l'incertitude. Face à cet insoutenable manque de prise sur la durée, on s'accroche à un passé idyllique et artificiel, on fait des musées qui rassurent, qui confortent.
Mais si, paradoxalement. il y avait encore une chose à sauver, ne serait-ce pas les musées ?
Pierre-Alain Bovet, Le Matin, Lausanne, 13 octobre 1985

Nun, was erlebt der Besucher in Wirklichkeit ? – it erlesenem Geschmack sind sämtliche Exponate arrangiert, präsentiert, beschriftet, beleuchtet. Wer aber den Sinn der Ausstellung lediglich in ihrer ästhetischen Qualität erblicken möchte, ginge nicht auf ihr wahres Anliegen ein: dieses besteht nämlich in einer scharfsinnigen, gelegentlich schonungslos geführten Selbstprüfung und Selbstbefragung der Ausstellungsmacher über Sinn und Wesen, Zweck und Ziel derartiger Museumsveranstaltungen.
Heinz Lüscher, Aargauer Tagblatt, Aarau, Brugger Tagblatt, Brugg, 19 octobre 1985

Ein kleiner Wermutstropfen bleibt allerdings zu erwähnen: Die durchwegs in Schwarz gehaltenen Ausstellungsräume, mit zum Teil nur spärlicher Beleuchtung, die mehreren finsteren Treppen vermögen zwar sicher die Spannung und Aufmerksamkeit des Besuchers zu gewinnen, bilden aber gleichzeitig ein unüberwindliches Hindernis für alle Geh- und Sehbehinderten.
Der Bund, Berne, 22 octobre 1985

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