Antiquités égyptiennes
En 1800 apparaît dans les collections neuchâteloises le premier objet égyptien. Il s’agit d’une momie d’Ibis offerte par le général Charles Daniel de Meuron. Durant le 19e siècle, les dons de James Alexandre de Pourtalès et Guillaume de Perregaux viennent enrichir les collections avec notamment la momie de Nakht-ta-Netjeret, gardien de la porte du temple de Mout à Karnak, accompagnée d’une cuve et d’un couvercle de sarcophage datant tous les trois de la 21e dynastie et provenant de la région thébaine. En 1894, le khédive d’Égypte offre à la Confédération plusieurs sarcophages découverts à Bab el-Gasus dans la deuxième cachette de Deir el-Bahari qui renfermait 153 sarcophages des membres du clergé d’Amon. Quatre d’entre eux seront répartis dans différents musées suisses : le musée de Neuchâtel reçoit à cet effet le sarcophage double de Nes-Mout.
Dans les années 1890, l’égyptologue neuchâtelois Gustave Jéquier (1868-1946), qui débute sa carrière d’archéologue sur les sites préhistoriques égyptiens avec Jacques de Morgan, directeur du Service des antiquités et des musées en Égypte, ramène de nombreux objets (lithiques et céramique) qui complètent cette petite collection d’antiquités égyptiennes au Musée historique de Neuchâtel.
En 1926, Gustave Jéquier, qui est membre de la commission du Musée d’ethnographie dès 1915, fait déplacer ces objets égyptiens et les expose dans le hall d’entrée de la Villa de Pury. Il va dès lors développer progressivement cette collection, dont il acquière l’essentiel par le biais du Service des antiquités de l’Égypte. Durant douze années successives, il effectuera des fouilles dans la nécropole memphite de Saqqara aux environs de la pyramide de Pepi II, souverain de la 6e dynastie, et ramènera à chacun de ses retours en Suisse, des objets provenant de ses propres fouilles, de celles de ses collègues ou les achètera auprès de marchands d’antiquités au Caire. Une série de statuettes en bois datant pour la plupart du Moyen Empire contribuèrent considérablement à la renommée de la collection du Musée.
La particularité de la présence de cette collection d’antiquités égyptiennes au Musée d’ethnographie de Neuchâtel est intimement liée à la personne de Gustave Jéquier qui a tenu un rôle considérable dans l’histoire de l’institution. Son regard d’égyptologue a permis l’élaboration d’un ensemble cohérent couvrant les grandes périodes historiques de l’Égypte ancienne, qui, depuis 1926, garda sa place dans les salles d’expositions permanentes du rez-de-chaussée de la Villa de Pury, et ce jusqu’en 2012, année du démontage des salles en vue de la restauration du bâtiment.
A partir du milieu du 20e siècle, hormis quelques dons de particuliers, l’acquisition d’antiquités égyptiennes est interrompue. La collection compte désormais 575 objets et s’inscrit parmi les plus importantes de Suisse.
Catalogue « L’Egypte au MEN : regards croisés »
Paru en 2021, le catalogue L’Egypte au MEN : regards croisés présente les collections égyptiennes du Musée d’ethnographie de Neuchâtel. Édité par Isadora Rogger, cet ouvrage collectif richement illustré présente un choix parmi les œuvres majeures ainsi qu’un éclairage par plus d’une vingtaine de spécialistes d’horizons divers sur les aspects les plus significatifs de cet ensemble.