Charles Emile Thiébaud (1910 - 1995)

Né en 1910 à Neuchâtel, Charles Emile Thiébaud issu d'un milieu modeste, y fait toutes ses études.

Fraîchement licencié, il part en Angola (IIe Mission scientifique en Angola, MSSA) avec le conservateur du Musée d'ethnographie de l'époque, Théodore Delachaux et Albert Monard. Sa tâche, comme chasseur, est d'assurer le ravitaillement du groupe. 

Charles Emile Thiébaud prend de nombreuses photographies d'où naîtra l'ouvrage Pays et peuples d’Angola (Neuchâtel, 1934). Pour payer son voyage, il envoie des billets réguliers à la Feuille d’Avis de Neuchâtel.

La découverte de la brousse, des Bochimans, le rayonnement des missionnaires le marquent profon-dément. Il participe activement à la collecte de matériel pour les musées neuchâtelois. Cette expédition est un point de départ idéal pour le géologue de terrain que souhaite devenir Charles Emile Thiébaud.

Engagé à la Shell en juin 1937 après avoir soutenu sa thèse de doctorat sur l’Etude géologique de la région Travers, Creux-du-Van, Saint-Aubin (Neuchâtel, 1937), il s'initie en quelques mois, à La Haye, à la méthode photo-géologique et au levé de cartes à l'aide d'une planchette. Puis, devenu chef du service d’exploration en Egypte, l'aventure débute, dans les collines de gypse du Sinaï. Les forages ne pourront être effectués dans la région qu'après la guerre.

En 1943, la compagnie l'envoie du Caire vers une destination mystérieuse: il s’agit de dresser la carte stratigraphique d'une région située au centre de la Perse. La mission est stoppée suite aux pressions de l’URSS sur les autorités de Téhéran.

De retour en Europe, Charles Emile Thiébaud se trouve à Paris à la fin du mois de juillet 1945. Il rentre symboliquement en Suisse le 1er août grâce à un billet de train fourni par la Croix-Rouge. Après quelques mois de vacances, il repart pour Londres où il se marie. Mais, dès la fin de l'année 1946, la Shell le dépêche au Vénézuela. 

Après avoir dénoncé l'incompétence des responsables de la prospection pétrolière dans cette région, il demande à partir en mission ailleurs.

Envoyé à Bornéo, il dirige une équipe de géologues et de géophysiciens dans les conditions très difficiles de la jungle. Charles Emile Thiébaud a la prescience des richesses pétrolifères de la mer côtière proche de Brunei et obtient, non sans peine, que la Shell s'engage dans cette voie. L'expérience acquise dans la vie relationnelle de la Compagnie lui permet de s'y faire écouter.

Les liens qu'il tisse au sein de la direction de la Shell lui profitent aussi quand, après deux missions de trois ans à Bornéo, il souhaite retourner à Londres pour y élever ses enfants.

Il devient par la suite chef d'exploration pour l'Irak, mandaté par le consortium de l'Irak Petroleum Company. Il renouvelle le personnel, modifie les structures techniques d'exploitation, fait ainsi baisser les coûts des forages. En 1958, quand le roi d'Irak est assassiné, Charles Emile Thiébaud se trouve sur place. Il apprend la politique, en négociant avec le gouvernement révolutionnaire du pays, et cela constitue l'une des périodes les plus passionnantes de sa vie.

Enfin, au cours de son long mandat à Londres, il découvre beaucoup de pétrole, notamment à Abou Dhabi, alors que la plupart des chercheurs n'y croient plus. Au sein de l'Irak Petroleum Company, on lui demande également de gérer les intérêts parfois contradictoires des diverses entreprises membres du groupe. Familiarisé avec les méthodes américaines comme avec les habitudes françaises, il dirige un bureau d'une cinquantaine de personnes, parlant aussi bien le français que l'anglais et le portugais appris jadis alors qu'il était en Angola.

A sa retraite en 1967, il reste consultant pour les questions pétrolières et revient en 1989 à Neuchâtel où il décède le 27 octobre 1995.

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