JAMES-FERDINAND DE PURY (1823-1902)

Deux des projets non réalisés ont seuls été conservés, mais le bâtiment témoigne encore de la somptuosité de la demeure et du raffinement de ses aménagements: dallages de marbre, parquets luxueux, riches décorations de stucs, parois peintes en trompe-l'oeil, à côté du chauffage hypocauste et de l'éclairage au gaz de ville. 

On peut imaginer James de Pury, retiré des affaires en 1879 et servi par une nombreuse domesticité, organisant de grandioses réceptions et le porche accueillant le défilé des voitures des invités... Surtout, il sait se montrer charitable envers des institutions de bienfaisance par des largesses qui font courir les bruits les plus infondés sur l'étendue de sa fortune. 

S'il dote le Musée de peinture de plusieurs tableaux, sensibilisé peut-être à l'art par la vocation d'un neveu qui fut élève de Gleyre, il ne paraît pas avoir montré un grand intérêt ethnographique, ne rapportant que quelques babioles touristiques. Pourtant, le Musée doit à sa libéralité l'une de ses premières acquisitions onéreuses, celle d'un ivoire sculpté des Vili du Congo.

James de Pury perd sa fille unique en 1882 et sa femme en 1900. Ainsi resté sans héritier, à sa mort le 15 mai 1902,  il lègue sa propriété pour que l'on y installe le «Musée ethnographique». Aujourd’hui, une plaque à l'entrée du Musée et sa pierre tombale dans le parc rappellent son souvenir.

Bien qu’il porte le même nom que le mécène controversé David de Pury, James-Ferdinand de Pury ne fait pas partie de la même branche familiale.

Quatrième fils dans une famille qui en compte cinq du maire de la Côte, Charles Auguste, et de Sophie Marianne de Pourtalès, James de Pury naît en 1823. Il a pour arrière-grand-père le célèbre Abram, compagnon de Jean-Jacques Rousseau lors de son séjour môtisan et auteur d'un faux retentissant, La Chronique des chanoines.

En 1846, il s'embarque pour travailler dans l'établissement fondé à Bahia par son oncle Auguste de Meuron. En 1822, le Brésil a proclamé son indépendance du Portugal et ses richesses font miroiter de fabuleuses perspectives. Plus heureux que les immigrants de Nova Friburgo en 1819, James de Pury réussit rapidement dans le négoce du tabac et même, il est fait chevalier de la Rose du Brésil tropical par l'empereur Pierre II. Ces succès ont malgré tout une face sombre, l’exploitation de produits «coloniaux» étant à l’époque intimement liée à celle d’esclaves. Des recherches sont actuellement en cours pour déterminer l’ampleur des faits. 

A quarante ans, il épouse Augustine-Marie Bevilaqua, de vingt ans sa cadette, qui, cinq ans plus tard, lui donne une fille, Mathilde.

Fortune faite, il songe à rentrer au pays. Il achete un terrain, au milieu des vignes, qu'il fait arboriser et charge l'architecte de renom, Léo Châtelain, de lui construire une splendide villa; elle est terminée en 1871/72.

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