Lors du premier voyage qui ne comptait aucun collaborateur du Musée d’ethnographie de Neuchâtel, Albert Monard ne se contenta pas de ramener d'importantes collections naturalistes. Homme sensible, ouvert à divers domaines, profondément musicien, il sut réunir un ensemble ethnographique non négligeable, recueilli principalement à Vila da Ponte en décembre 1928. Tout donne à penser que l'essentiel a été vendu en deux temps au MEN, en 1929 puis en 1930. Non seulement il livra le matériel pourvu des indications indispensables, mais encore, tout en se défendant d'être ethnographe, il publia ses notes sur les pièces à la suite du récit du voyage. La musique fit en particulier l'objet de toute son attention et les sanza furent étudiées dans le détail.
Le conservateur du Musée d'ethnographie de Neuchâtel, Théodore Delachaux participa à la 2e M.S.S.A. (Mission Scientifique Suisse en Angola). L'objectif de cette 2ème mission fut plus complexe et résolument orienté vers la science, tant zoologique, voire minéralogique, qu'anthropologique au sens large. Le groupe des naturalistes formé d'Albert Monard (chef de l'expédition) et de Charles Emile Thiébaud quitta l'Europe le 25 mars 1932 et fut rejoint en avril 1933 par l'ethnologue. Début décembre 1933, la mission regagna la Suisse après un intense travail de recherche.
Les résultats dépassèrent les attentes. Non que la mission ait ressemblé à une razzia du style Frobenius ou puisse se comparer à l'accumulation de trophées de la Mission Dakar-Djibouti presque contemporaine: dans ce contexte d'émulation, le matériel ethnographique rapporté fut abondant (35 colis totalisant 1'800 kilos) et se voulut exhaustif.
En 1936, Théodore Delachaux publia un choix de pièces n'illustrant qu'une partie des domaines représentés: masques, costumes, initiation, ... Toutefois, la collection angolaise n'est pas restreinte aux seules missions scientifiques. Par les contacts qu'il a établi, Théodore Delachaux a pu la compléter, grâce aux envois des RR.PP. Charles Estermann et consorts (1936 et 1937), aux dons et échanges avec deux jeunes ethnographes anglaises, Mlles Diana et Antoinette Powell-Cotton (1937 à 1939), qui s'étaient intéressées aux jouets, sa marotte, et enfin à l'achat à Etienne Berger d'un panier de divination des Cokwe de Rhodésie, en 1941.
Angola
C'est principalement suite à deux missions que le MEN possède de riches collections angolaises, largement documentées et illustrées. Au cours de ces deux expéditions dans l’ancienne colonie portugaise, au tournant des années 1930, le musée s’est enrichit de plus de 3'500 objets et de 2'360 prises de vue. En 1928–1929, un premier voyage fournit plus de 200 pièces par l’intermédiaire d’Albert Monard, ancien directeur du Musée d’histoire naturelle de La Chaux-de-Fonds. Trois ans plus tard, la seconde mission apportera plus de 3'500 pièces d’inventaire dans le musée déjà bien rempli.