Arctique oriental
Les collections de l'Arctique oriental proviennent du Labrador et du Groenland, deux régions sans affinités particulières mais tôt colonisées par les Européens. Le registre du Musée, seule référence pour plusieurs des ensembles, distingue mal les deux régions.
Les côtes du Labrador et de l'ouest du Groenland ont été visitées dès le XVIe siècle par des pêcheurs et chasseurs de baleine européens. A partir de 1771, les frères Moraves, déjà présents au Groenland dès 1733, ont établi des missions au Labrador et le mode de vie des autochtones s'est progressivement modifié.
Au début du «petit âge glaciaire» (fin du XVIIe siècle), des Esquimaux occupaient toutes les côtes du Groenland. Ils possédaient des objets et du métal provenant des Vikings, qu'ils s'étaient probablement procurés après leur disparition dans les ruines de leurs établissements, quoique des contacts directs aient également pu avoir lieu. En 1721, une petite colonie dano-norvégienne s'établit au Groenland dans le but de retrouver les Vikings et de leur prêcher la Réforme. Ces derniers avaient disparu mystérieusement (on ne sait rien des Vikings groenlandais après qu'ils ont perdu le contact avec l'Europe) mais la colonisation danoise commençait. Au XIXe siècle, les effets du refroidissement sont devenus dramatiques et la population a abandonné le nord et l'est de l'île, à l'exception de la région d'Ammassalik.
Les Esquimaux polaires de la région de Thulé dans le nord-ouest, population la plus septentrionale du globe, ne furent découverts qu'en 1818 et ceux d'Ammassalik en 1884 seulement. On peut donc parler, pour le Groenland de la période historique, de trois populations dont la culture était relativement homogène, hormis quelques différences imputables à l'isolement géographique, aux particularités de l'environnement et à la présence européenne plus ou moins prolongée.
Quelques miniatures des collections neuchâteloises seraient originaires de la côte ouest du Groenland. Elles sont enregistrées comme don de Louis de Coulon, directeur des musées de la ville de 1829 à sa mort en 1894, sans indication ni de date, ni de source. Les trois miniatures offertes par le Rév. Pierre-H. La Trobe en 1854-55 proviennent du Labrador.
En 1912, une équipe de scientifiques suisses, dirigée par Alfred de Quervain, s'illustra en traversant la calotte glaciaire groenlandaise d'ouest en est. L'expédition était un exploit, mais elle rapporta aussi une quantité de données climatiques, physiques et glaciologiques tout à fait nouvelles sur l'intérieur du Groenland. La traversée se termina à Ammassalik, où les Suisses séjournèrent un mois. Le Musée acheta en 1913 un kayak complet avec son armement et quelques autres pièces à de Quervain (le conservateur, Charles Knapp, lui avait demandé de ramener des objets avant son départ déjà). D'autres objets de cette collection se trouvent au Musée d'ethnographie de Bâle.
L'explorateur et ethnographe norvégien Christian Leden, de passage à Neuchâtel en 1923, a vendu au Musée sept objets provenant du Cap Dan (ancien nom de Kussuluk), dans le district d'Ammassalik, achetés grâce à un don de Paul-Eugène Humbert. Leden les tenait de A. T. Hedegaard, un administrateur danois en poste dans cette région de 1915 à 1929.